Le Monde 15 décembre 2014
Lutte contre le chômage : Valls douche les ambitions des régions
Manuel Valls a rappelé, lundi 15 décembre, que la politique de l'emploi restait dans le giron de l’Etat, recadrant ainsi le secrétaire d’Etat chargé de la réforme territoriale, André Vallini, proche de François Hollande, qui s’était dit ouvert à un transfert.
Le gouvernement souhaite améliorer la concertation avec les régions, en tenant des réunions « très régulières » pour « mieux travailler sur les politiques économiques, de formation, d’emploi ou d’apprentissage », a expliqué le premier ministre dans un discours prononcé au conseil régional de Bourgogne, à Dijon, en présence du ministre du travail, François Rebsamen. Mais « l’emploi doit rester de la prérogative de l’Etat : nous en parlons souvent avec le ministre du travail », a ajouté M. Valls.
Mise au point
Cette mise au point du premier ministre fait suite à un entretien accordé par André Vallini à l’agence AEF début décembre. Le secrétaire d’Etat à la réforme territoriale avait déclaré qu'« il y aurait une vraie cohérence à donner aux régions tout ce qui concerne l’emploi ». Ce transfert de compétences est défendu également par la présidence de l’Association des régions de France (ARF).
Dans une tribune publiée dans Les Echos le 12 décembre, Alain Rousset, président de l’ARF, et Hervé Chapron, ex-directeur général adjoint de Pôle emploi, critiquent vivement les moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le chômage : « Notre système d’accompagnement vers l’emploi est à bout de souffle. Son émiettement entre Pôle emploi et les centaines d’organismes présents dans nos territoires entraîne une déperdition d’énergie et une explosion des coûts… La recherche d’emploi est devenue un parcours du combattant pour les demandeurs, rejetés tels des nomades de service en service, pour finir dans le bureau de l’élu local. »
En conclusion, le président socialiste de la région demande « de pouvoir expérimenter un nouveau service public d’accompagnement des demandeurs d’emploi. Les régions seraient reconnues comme seules autorités. » Une supplique à laquelle Manuel Valls a clairement répondu par une fin de non-recevoir.
Second camouflet
C’est un second camouflet en seulement quelques jours pour l’institution régionale. Jeudi 11 décembre, le Sénat a largement corrigé, en commission, le plan du gouvernement, en redonnant aux départements la gestion des collèges, les compétences liées au transport scolaire, à la voirie départementale et aux ports. Enfin, en matière de tourisme, la commission a aussi supprimé la primauté de la région.