LE PAYS (Montbéliard) 4 février 2013
« Les gens sont exigeants : ils veulent tout, tout de suite »
Symptomatique des relations parfois tendues à Pôle Emploi, cet incident survenu récemment : la police a dû intervenir pour ramener au calme un couple qui donnait de la voix…
Jeunes parents sans emploi, ils exigeaient de pouvoir bénéficier d’un bon de transport pour que le papa puisse honorer un rendez-vous avec un employeur, à Valence (Drôme). « C’est mon mari qui avait fait des démarches pour trouver un travail. Il est conducteur d’engins et il avait une offre de grutier. Il a reçu un coup de fil le vendredi matin et il devait être sur le chantier le lundi », rapporte l’épouse. Le couple s’est rendu à Pôle Emploi Hexagones, à la Petite-Hollande. Il a souhaité rencontrer la conseillère habituelle du chef de famille, au chômage depuis un an, le vendredi après-midi. Elle était occupée. « C’était urgent pour nous, alors on a insisté pour voir la directrice. Elle nous a finalement reçus, mais elle refusait de consulter un e-mail prouvant la validité de cette proposition. On s’est un peu énervés, c’est vrai, mais pas méchamment. On parlait fort, c’est tout », poursuit la jeune maman, qui n’a pas apprécié d’être invitée à quitter le bureau. « La directrice a dit qu’elle allait appeler la police. Nous aussi, on a appelé la police. On voulait porter plainte contre Pôle Emploi, pour refus de service. Et nous saisirons le médiateur, s’il le faut. C’est inadmissible que Pôle Emploi refuse non seulement de payer le trajet à mon mari, mais refuse même de nous écouter ». Aux dernières nouvelles, le mari avait pu rejoindre le chantier par ses propres moyens.
Les gens sont parfois à cran
Sandrine Cavoleau directrice de cette agence porte sur cet incident un regard indulgent. « On connaît bien ce demandeur d’emploi. Et on comprend que les gens en difficulté puissent être parfois à cran. Mais ce n’est pas une raison pour s’en prendre à nous et pour être exigeants à ce point. Ils voulaient que le dossier soit instruit dans le quart d’heure, sans la moindre pièce justificative ». Si la directrice a fait appel à la police « c’était pour qu’ils se calment, le dialogue n’étant plus possible ». Pôle Emploi était pourtant prêt « dans ce cas comme dans d’autres, bien souvent d’ailleurs, à faire une exception et à délivrer un titre de transport, quitte à produire un justificatif après-coup. Mais je voulais simplement m’assurer de l’existence de l’entreprise et m’entretenir avec son responsable. Or, l’époux a refusé de me communiquer les coordonnées de l’entreprise », déplore Sandrine Cavoleau qui se dit prête, avec ses services, à réexaminer la situation de ce demandeur d’emploi. « La porte n’est pas fermée. S’il nous fournit une promesse d’embauche, nous pourrons faire le nécessaire pour l’aider. Nous sommes là avant tout pour accompagner les demandeurs d’emploi, pas pour leur créer des problèmes », conclut avec bienveillance la directrice de Pôle Emploi Hexagones.