Sur le blog de Michel Abhervé 25 août 2015
A Pôle emploi, on “bricole” les outils de mesure pour afficher une amélioration du temps passé au suivi des demandeurs d’emploi
Si la publication par Pôle emploi de la taille moyenne des portefeuilles des conseillers par type de parcours représente un progrès que nous avons signalé (voir Pôle emploi : un effort pour la transparence sur la taille des portefeuilles, et un constat. 55 % des inscrits ne sont pas suivis par un conseiller), il reste encore un certain nombre d’étapes pour une réelle transparence dans le fonctionnement de l’institution.
En effet, il demeure impossible de connaître ce qui serait un réel élément d’analyse, le ratio entre le temps passé directement avec les demandeurs d’emploi pour leur accompagnement et l’ensemble du temps travaillé dans l’institution. Il semblerait que la mission d’évaluation diligentée par l’UNEDIC, principal financeur de Pôle emploi, souhaite obtenir sur ce
sujet des éléments d’appréciation, confirmant ou infirmant ce que nous avions estimé, à partir des chiffres publiés par l’institution elle-même (voir Seulement un salarié de Pôle emploi sur sept se consacre au suivi et à l’accompagnement des demandeurs d’emploi)
En tous cas, dans les services, on se prépare à cette estimation, puisque dans cette maison qui ne fonctionne que par sigles, l’ICT 15 qui sert au calcul de l’utilisation des ETP pour le “suivi réel des chômeurs” est en cours de modification dans chaque région, selon des modalités un peu différentes, pour intégrer non seulement les temps consacrés au suivi individuel des demandeurs d’emploi, mais également des temps collectifs comme l’animation de réunions collectives, ce qui se comprend, mais aussi des temps plus généraux comme la participation à des forums qu’il est fort contestable d’affecter au suivi réel des chômeurs. Et dans chaque région, c’est un peu le “concours Lépine” des astuces pour améliorer l’ITC : ici, on réaffecte le temps libéré par l’absentéisme aux premiers rendez-vous d’inscription en temps de gestion de portefeuilles, là on change quelques ratios.
Une nouvelle fois, l’institution change les règles, dans une logique purement interne, pour tenter d’améliorer, de façon très discutable, l’appréciation qui pourra être portée sur son fonctionnement. Une nouvelle fois le changement des règles, jointe à une multiplication d’expérimentations en tous sens qui donne le tournis et et que nul ne peur suivre réellement dans leur globalité, ce qui est fortement déploré lors des réunions des CE régionaux, donne l’impression que l’important est surtout dans la capacité à créer un flou qui ne permet pas de mesurer les évolutions de la réelle efficience de l’institution
On aimerait disposer d’un critère simple partant du demandeur d’emploi, pour connaître le temps moyen qu’un conseiller lui consacre. Mais c’est sûrement trop simple de mettre un indicateur centré sur le demandeur d’emploi qui est pourtant la raison d’être de l’institution.et on aimerait que les mesures portent sur des élements fixes pour permettre de mesurer les évolutions réelles, sans que les changements dans les outils de mesure ne faussent les résultats.
C’est surement trop demander !