Le Parisien 24 avril 2013
Il avait frappé un agent de Pôle emploi
Au chômage depuis quatre ans, Kamel est un ancien champion de boxe de l’équipe de France. Ce professionnel des années 1980 a été médaillé d’or et d’argent dans des compétitions internationales. Mais ces dernières années, il a surtout boxé hors du ring… et souvent des personnes représentant l’autorité ou le service public. Soit neuf agressions en tout, pour lesquelles il a été condamné.
La dixième et dernière, c’était à Rueil, le 18 mars, à Pôle emploi. Kamel, 57 ans et au chômage, s’en est pris à l’agent chargé de l’accueil, dans l’agence où il est inscrit. Ce dernier s’était approché pour lui parler, et c’est un coup de poing dans la figure qu’il a reçu. « Il a alors porté la main à son visage et il a vu du sang », a décrit l’avocate de la victime, un homme de 56 ans qui s’est vu prescrire 4 jours d’interruption totale de travail.
« C’est une personne qui était là pour vous rendre service », a rappelé hier après midi la présidente du tribunal correctionnel de Nanterre, où l’intéressé était jugé. « Je ne sais pas ce qui m’a pris, a répondu Kamel debout dans le box, veste de sport blanche sur le dos. Ce sont les prises et les arrêts à répétition de médicaments qui me déboussolent. »
Kamel souffre de troubles dépressifs
En prison depuis son interpellation au sein même de Pôle emploi, l’ancien boxeur devait être jugé en comparution immédiate dans la foulée de son interpellation, mais son avocat avait demandé un renvoi de l’audience, le temps de procéder à une analyse psychiatrique. « Selon le rapport, vous n’êtes pas malade, a rapporté la présidente. Vos passages à l’acte sont purement caractériels. »
Kamel bénéficie, depuis 2001 et du fait de troubles dépressifs, d’une allocation mensuelle pour handicap de 1200 €. « Malgré cette aide financière, contrairement à d’autres, il continue à chercher du travail », a rappelé son avocat, insistant sur la bonne volonté de son client. Les deux filles du prévenu, assises dans la salle, ont protesté à l’écoute du jugement : un an de prison, comme requis par le procureur, dont neuf mois de sursis. Kamel devra verser 500 € d’indemnisation à la victime pour préjudice physique, et 500 € pour le préjudice moral subi. Il est aussi redevable de 1200 € à Pôle emploi, qui correspondent aux frais de justice, ainsi que d’un euro symbolique en dédommagement des perturbations provoquées ce jour-là, à savoir la fermeture de l’agence.
« Ils le mettent à chaque fois en prison, ça ne change jamais rien », ont crié ses filles en quittant la salle. « Tout cela pour un coup de poing, a ajouté une dame âgée, venue par curiosité. C’est un peu exagéré. »
En quittant son box, Kamel a promis qu’il se « battrait pour trouver un emploi ».
par Amel Brahmi